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Blog Pédagogique de Bernard Aminot

De la fin du Moyen-âge à l'époque moderne

31 Janvier 2015, 18:00pm

Publié par Bernard Aminot

Du XIVe au XVIIIe siècle le choix en terme de films ou de séries est vaste. Je me concentrerai donc sur un film par siècle, pour la représentation de l'époque, les costumes, les mentalités, plus que sur le jeu ou l'enjeu. Je passerai outre les séries, bien que certaines valent assurément le détour comme Elizabeth I avec Helen Mirren et Jeremy Irons de Tom Hooper, un petit bijou signé Channel4/HBO en 2005 retraçant l'épopée de la reine anglaise (1533-1603) dont les 44 années de règne ont fortement marqué l'identité nationale. Bardée de prix cette (mini) série de 2 épisodes mérite qu'on s'y attarde un été où vous aurez une journée de pluie, car malheureusement ce n'est pas le service public qui produit une qualité semblable et encore moins qui la diffuse. Pour les séries historiques, en France, hormis Arte, il faut se contenter des studios de Canal, or qui regarde avec un regard exigeant un film comme la princesse de Montpensier avec Gaspard Ulliel (ce n'est pas faute d'adorer l'acteur) sortit en 2010, s'arrache les cheveux devant la (soyons polis) médiocrité des scènes de combat et le coté nunuche de certaines prestations.

Décidé à ne pas ruiner votre joie de vivre légendaire (surtout les groupes en début de matinée), je vous proposerai sur la fin des films légers et artistiques, car force est de constater que le choix pour les XIVe, XVe et XVIe siècle se fait dans des nuances d'un rouge sang. L'époque était dure, les hommes aussi, donc les métrages sont au diapason.

 

XIVe siècle, Black Death. Beaucoup ont découvert Eddie Redmayne aux oscars cette année, je vous conseille ce film de 2010 à mi chemin entre historique, horreur et délire mystique. L'histoire d'une bande de mercenaires qui au profit de l'inquisition traversent une Angleterre boisée et marécageuse aux prises avec les ravages de la peste noire. Bien sûr l'équipée est confrontée à toutes les déviances qu'entraîne une telle situation: exactions, exécutions sauvages, sorcellerie par ci, paranoïa par là, bandes de voleurs vivant dans un arrière pays à l'abandon, villages terrorisés, mercenaires rendus totalement fous par une vie de rapine ou par une foi sans recul. L'équipe est accompagnée par un jeune moine influençable qui va peu à peu réveler une nature bien moins innocente. Une sorte de plongée en enfer. Très intéressant mais que je déconseille à ceux qui ont du mal avec la violence.

 

 

XVe siècle, Jeanne d'arc. Je n'indiquerai aucun film car soit les meilleurs sont trop vieux (1993 celui avec Sandrine Bonnaire qui a atrocement vieilli, ou celui de Jacques rivette en 1999), soit les plus réalistes sont trop...bêtes. En fait le Jeanne d'Arc de Luc Besson en 1999-2000, tourné avant son virage commercial affreux, est empreint de l'humour Bessonien qui rend le film stupide. Non pas que les délires de Gilles de Rais avec son artillerie (ici incarné par un superbe Vincent Cassel) ne soit pas drôles mais plusieurs passages du film, pour faire avaler la violence très crue des scènes, choisissent un ton parfois cocasse qui ne va pas du tout à l'entreprise. On aurait pu avoir une reconstitution sauvage, on hérite d'une mélange assez hasardeux entre le bon cinéma que su faire Luc Besson (Léon, le grand bleu) et les horreurs pour ado qu'il affectionne désormais (Taxi et toutes les suites et avatars). Avec en prime une fin fausse, où Dustin Hoffman ne parvient pas à transcander un script faible et pourtant quel acteur. Le problème c'est que même sa visite du cachot de Jeanne en est à mourrir de rire (cherchez sur Youtube "Jeanne d'Arc - Non, c'était une épée, dans un pré" vous comprendrez... ca vaut les meilleurs épisodes de Kaamelott) . A voir éventuellement pour les scènes de combat. Sanglantes !

 

 

XVIe siècle, La reine margot. Pour en prendre plein les yeux, il n'y a pas beaucoup de choix, puisque la grande affaire de ce siècle, en France, fut la St Barthelemy, grand moment d'amour fraternel qui fit en 1572 des milliers de morts. En pleine guerre de religion le parti catholique royal décide d'éliminer les chefs protestants à l'occasion d'un grand rassemblement des forces de chaque camp, Marguerite de Valois, princesse catholique se mariant au prince protestant Henri de Navarre (futur Henri IV). Sur le sujet les livres sont nombreux, dont le roman la reine Margot d'alexandre Dumas qui romance l'épisode. Porté à l'écran en 1994 par Patrice Chéreau avec des comédiens de renom (Isabelle adjani, vincent perez, daniel auteuil, Jean Hugues anglade, Dominique blanc), le film devient (il faut aimer, personnellement je trouve le film assez illisible mais coté décor et costumes c'est une référence) un opéra gothique, sanglant, violent, ténébreux, aussi glaçant que la moue d'Isabelle Adjani les yeux sans cesse affolés. La Bande annonce est atrocement mauvaise, elle date de son époque, mais annonce l'ambiance du film et vous permet surtout d'avoir une vision assez élargie de l'air de ce temps. siècle des premiers grands conflits civils  à connotation religieuse en France. Le film est connu à travers le monde, 2 prix à Cannes 1994 (celui présidé par Clint Eastwood qui fit entrer dans la légende Pulp Fiction et Tarantino), 5 césars, nominé aux oscars, aux Golden Globes, et aux BAFTA. Le genre de film à voir au moins une fois pour les cinéphiles. La bande annonce que je vous propose est celle du DVD restaurant l'image de la version initiale (une HD sublime) mais du coup la bande annonce perd en rythme. Je vous mets la bande annonce d'origine (un peu plus violente) en second.

 

 

 

Michael Kohlaas. Dans un genre différent, voire radicalement opposé, par Arnaud des Pallières en 2013 est sorti l'adaptation d'une nouvelle allemande, de Henrich von Kleist (1810) avec Mads Mikkelsen et Bruno Ganz. Arnaud des Pallières est ce que l'on qualifie pudiquement en France de réalisateur d'art et d'essai, un indépendant, et tout sauf un réalisateur de films à gros budget. Cela tombe bien car l'histoire de Michael Kohlhaas, le titre du film, est celle d'un marchand de cheveaux qui tombe sur un jeune noble abusif, qui pour le laisser passer sur ses terres lui prend en gage ses plus belles bêtes et les lui rend dans un état lamentable. Le marchand, rigoriste, à cheval sur l'honneur, demande justice ce qu'il peine à obtenir le jeune noble étant protégé. La femme de l'éleveur est par ailleurs malmenée, outragée et meurt de ses blessures. Sans raconter la nouvelle, très intéressante mais d'une certaine sécheresse à la lecture (le film l'adapte librement), le marchand de cheveaux va soulever la population et mettre la région à feu et à sang. Le roman se base sur des faits authentiques s'étant  passé à Berlin au milieu du XVIe siècle. Retranscrit dans un contexte français dans les Cévennes, le marchand devient un protestant s'opposant à l'aristocratie catholique, avec une trame aussi politique que philosophique (il y a la présence de Martin Luther aux cotés du héro). Le film est spécial, on n'y parle peu, mais a une atmosphère crépusculaire assez fascinante et Mads Mikkelsen tout simplement magnétique. Peu importe son accent, il n'était pas rare alors de voir des étrangers sur notre sol, et l'accent nordique a ce petit quelque chose de metallique qui offre un certain charisme. Le film a été tourné dans le Vercors que demander de plus !

 

 

XVIIe siècle, le roi danse. Trois césars pour un beau film d'époque. Formidable plongée non sans cruauté dans la vie de la cour autour de Louis XIV, les luttes d'égo, les complots de salon, la jalousie féroce qui oppose dans ce film Molière et Jean Baptiste Lully, l'ostracisme raciste que du subir le musicien à son arrivée dans une cour farouchement française, son homosexualité, ses rapports avec le roi. Un Louis XIV complexe formidablement campé par Benoit Magimel, une des plus belles scènes de mort joué par Molière ici Tchéky Karyo, et un Lully paranoïaque, vaniteux et désespéré à souhait sous les traits de Boris terral (César du meilleur espoir à l'époque pour ce film et qu'on ne voit quasiment plus, sauf pour ceux qui ont suivi la quatrième saison de Braquo).

 

 

XVIIIe siècle. ridicule. Film mineur, sans prétention budgétaire et pourtant, quel film. Un bonheur pour la langue française et pour la cruauté de la cour de cette fin d'Ancien Régime où l'on sent la totale futilité des apparats, une aristocratie asservie et ruinée, une étiquette, des codes, complètement désuets et qui se heurtent à la volonté de changement d'une partie nouvelle de la société. Le film aborde les dernières années du règne de Louis XVI qu'on n'entreaperçoit qu'à peine, une façon de montrer combien le roi était isolé par ses conseillers et la lourdeur administrative qui ont coupé le gouvernement royale des forces vives de la nation. A voir. Film de 1996 qui s'en sort avec 4 césars, 1 BAFTA et une nomination aux oscars. La seule scène d'ouverture est un chef d'oeuvre de cruauté, où comment avec courtoisie, assouvir une vengeance froide, glaciale ! A ne pas regarder pour les trop pudiques.

 

 

 

 

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