LA DISSERTATION

La dissertation est l'exercice le plus intéressant d'un point de vue rédactionnel, car c'est celui qui offre un maximum de liberté dans le contenu, mais c'est également le plus difficile, car à moins d'être né Omniscient, celui ou celle qui ne connait pas son cours, ira droit à l'échec/mur/porte [Rayer la mention inutile].

Ce que la dissertation n'est pas:

- Une autorisation pour réciter bêtement l'intégralité du cours et des manuels à la virgule près.

- Un défouloir ouvrant le droit à ensevelir le correcteur sous huit intercalaires écrites en Police "Gabriola" Taille 8.

- Une roue de secours si on ne comprend pas le texte proposé pour le commentaire.

Ce que la dissertation demande:

- De se mettre au service d'un sujet, tel un expert, un conférencier, sur un problème précis.

- De faire étalage d'autant d'organisation pour structurer sa démonstration, que de subtilité, une subtilité qui se veut juridique (nous faisons du droit) et stylistique (C'est un exercice écrit, et le droit nécessite beaucoup d'écrits).

Ce que la dissertation permet:

- De choisir librement les informations que l'on utilisera pour répondre au sujet. Afin d'être pertinent, cohérent et, si possible, original(e).

- De rédiger sans lever la tête toutes les 30 sc sur un texte photocopié avec une encre noir baveuse sur un affreux papier recyclé.

LA DISSERTATION JURIDIQUE CONNAIT QUELQUES REGLES

"Oh mais c'est que ces choses là ne vont pas forcément de soi! Je recommande un peu de patience et de diplomatie "

La grande liberté qu'elle offre s'inscrit dans certaines limites. Structurer son texte avec un plan, lequel doit comporter quelques ingrédients "indispensables", seront donc les seules contraintes dans lesquelles vous évoluerez.

Aimant donc l'harmonie et l'équilibre vous adopterez le plan "à la française" en deux temps:

- Deux parties (I, II) de taille similaire

- Deux sous-parties par partie (A, B) de taille similaire

Et bien sûr chaque sous partie comportera un développement rédigé lui même articulé autour de 2,3, voire 4 idées fortes. Chacun de ses ensembles demandant a être fluidement lu et suivi, devra être introduit par une phrase présentant ce qui suivra (phrase d'accroche), ou opérant une sorte de transition (phrase de transition). Un peu comme un maître de cérémonie, vous présentez au correcteur un ensemble cohérent et continu.

De façon à ce que votre brouillon ressemble à cela (ne rédigez pas les idées-fortes au brouillon, contentez vous de décrire l'idée en une ligne, sinon vous n'aurez plus de temps pour rédiger):

LE PLAN TYPE

I] GRAND TITRE DU I

Phrase d'accroche (présentant A et B)

A – Titre du A

Première Idée-Forte qu'il faudra développer
Seconde Idée-Forte qu'il faudra développer
Troisième Idée-Forte qu'il faudra développer

phrase de transition (de A à B)

B – Titre du B

Première Idée-Forte qu'il faudra développer
Seconde Idée-Forte qu'il faudra développer
Troisième Idée-Forte qu'il faudra développer

phrase de transition ( de I à II)

II] GRAND TITRE DU II

Phrase d'accroche (présentant A et B)

A – Titre du A

Première Idée-Forte qu'il faudra développer
Seconde Idée-Forte qu'il faudra développer
Troisième Idée-Forte qu'il faudra développer

phrase de transition (de A à B)

B – Titre du B

Première Idée-Forte qu'il faudra développer
Seconde Idée-Forte qu'il faudra développer
Troisième Idée-Forte qu'il faudra développer

L'INTRODUCTION SUIT UN SCHEMA PRECIS (à préparer au brouillon)

"Oh ben zut, j'avais déjà tout écrit sur la copie pour gagner du temps, vous n'en avez pas assez avec vos règles ! On a beau expliquer tout ce qu’on veut expliquer… Au bout d’un moment, pour savoir faire du cheval, il faut faire du cheval !"

Elle est un condensé des clés utiles pour décrypter votre développement futur. Situation dans l'espace, dans le temps, définitions des termes cruciaux du sujet, introduire ne signifie pas développer (sinon vous brûlez toutes vos cartouches) mais éclairer le lecteur sur ce qui va suivre, l'appâter.

L'introduction, comme le plan, suit un programme précis, dans un ordre précis. Vous êtes maître du contenu, pas de la forme. L'objectif étant de permettre à tout juriste de pouvoir communiquer avec un autre juriste en possédant les mêmes codes narratifs, comportementaux.

L'introduction se présente donc ainsi:

1) L’accroche

Elle a deux possibilités : être une citation ou une phrase construite. Pour la citation, apprenez en par coeur pour chaque cours. Pour savoir faire une phrase pertinente, accrocheuse, intéressante, voire drôle tout en étant dans le sujet et... en bon français, lisez des livres, cela vous formera mieux que de regarder la série SODA.

2) La définition des termes du sujet

La définition des termes du sujet n’a pas pour but de faire une liste robotique des termes employés, empilés à la suite, mais bien de les définir de façon circonstancielle, dans l’espace, dans le temps, et d’en mesurer la portée. Cette partie est essentielle à la compréhension du sujet, donc découlerons Intérêts et Enjeux du sujet, ainsi que la problématique et par effet le plan lui-même.

3) Le contexte historique

Un contexte historique, est là pour replacer le sujet dans son contexte et ainsi justifier de son intérêt global, historique, sociologique, ect. Il peut avoir deux formes pour schématiser simplement à défaut de bien maîtriser toute ce qu'il recouvre.

- Soit dans le cadre d'un sujet précis (un évènement, une date...) on utilise le contexte historique pour expliquer les circonstances ayant mené au sujet. C'est la technique dite de "l'entonnoir". On part du global pour aboutir au détail, le détail étant l'exact moment de votre sujet.

- Soit avec un sujet large ou un sujet recouvrant toute une période ( l'économie américaine de 1918 à 1939, les guerres de décolonisation, le socialisme de 1875 à 1914...) on utilise alors le contexte historique pour expliquer les évènements et surtout l'évolution de cette période, permettant de mieux saisir l'intérêt de couvrir autant d'années.

4) Les intérêts et enjeux du sujet

Honnêtement le cauchemard des jeunes étudiants.... tout simplement parce qu'un an de droit ne formera jamais un juriste aguerri. Or il s'agit là de parler de droit et que de droit. Que signifie faire ressortir les grandes idées de droit et leur approche dans le sujet, c'est ni plus ni moins se débarasser de tout ce qui est superflu et ne garder que l'essence juridique du sujet.

Exemple, si l'on aborde la question de LA GRANDE JACQUERIE DE 1358 (révoltes de paysans autour de Paris contre la noblesse, pour faire simple)

- Les histoires d'atrocités, de chevaliers rôtis sur des bûchers comme des cochons de lait l'été, les bonnes maisons en feu, les pillages, les noms des meneurs, les lieux et les dates n'interesseront pas cette partie de l'introduction. Pour les grandes lignes cela intéressera le contexte historique et pour les anecdotes, même croustillantes, les développements, réservez les pour le corps de votre devoir.

- Par contre si vous désirez mettre en avant que nous avons là un parfait exemple de la puissance seigneuriale affaiblie, une contestation politique, économique, sociale, une révolte de certains milieux urbains, l'idée de réformer la monarchie, de contrôler l'autorité, voilà des idées qui sont à leur place. De mettre en avant l'affaiblissement d'un corps de la société pour expliquer la dépréciation de son image auprès de la population et donc la volonté réformatrice de la base, sont des concepts de droit. D'ailleurs un concept, peut se transposer à toute époque car il n'est plus parasité par les détails historiques, les fameuses anecdotes. En lisant ces lignes nous pouvons comprendre que nous parlons autant des jacqueries de 1358 que de l'effondrement de l'image de la classe politique française en 2014 suscitant des révoltes telles celles des bonnets rouges, des entrepreneurs se désignant comme les pigeons, ect. Vous devez retrouver le droit et rien que le droit, et un concept de droit ne vieillit pas. Car l'histoire ne fait que se recycler.

5) La problématique

Elle porte très bien son nom pour beaucoup d'étudiants. Pourtant il ne s'agit que d'une phrase, interrogative (donc avec un beau ? à la fin), traduisant la question principale posée par le sujet. Comme la problèmatique est un problème de droit, elle découle de vos intérêts et enjeux du sujet, qui eux même sont juridiques. Logique.

Par exemple, si vous avez abordé dans les intérêts et enjeux du sujet l'affaiblissement de la noblesse, le projet de contrôle de la monarchie, l'introduction d'un conseil nommé auprès du roi, la jeunesse du roi, la faiblesse en terme d'image publique de la dynastie actuelle, la révolte du Tiers Etat, la tenue des Etats Généraux et les dévaluations successives de la monnaire.... vous tournez et retournez tout cela pour aboutir au problème principal:

En quoi les faiblesses d'un jeune roi et l'affaiblissement de la noblesse ont ils contribués dans un contexte de crise monétaire à l'émergence d'un courant réformateur désirant un contrôle accru de la monarchie?

6) L'annonce du plan

Il suffit d'annoncer les deux grandes parties à venir. A défaut de savoir bien rédiger, faites simple.

Il nous importera d'étudier Bloblboblboblbboblboblboblbobblo (I), puis d'envisager Blbolboblboblboblboblboblboblbo (II).

Evitez les "Dans une premier temps................puis dans un seconde temps.............", l'utilisation des (I) et (II) rendra la phrase bien moins scolaire. Cela dit, si vous ne pouvez faire autrement, il n'y aura là rien de grave, ce n'est pas ce qui vous fera perdre des points.

Il serait plus grave de n'avoir rien à dire !

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